Vous avez un projet d’installer une micro-station pour votre future habitation ? Sachez que c’est une excellente alternative pour traiter vos eaux usées si cette dernière ne peut être reliée au tout à l’égout. Il s’agit en effet d’un équipement d’assainissement individuel qui se pose en alternative aux anciennes fosses septiques.
Reste donc à choisir le modèle de micro-station d’épuration qu’il vous faut. En réalité, il existe deux principaux modèles : celui à culture libre et celui à culture fixée.
Ce dossier va évoquer les différentes possibilités qui s’offrent à vous et leurs prix respectifs, de façon à ce que vous puissiez y voir plus clair.
Coup de projecteur sur cette filière d’assainissement !
Que dit la loi à propos de la micro-station d’épuration ?
Ce dispositif est autorisé en France par la loi du 3 août 2009 en tant que système agréé pouvant traiter l’ensemble des eaux usées domestiques lorsque le raccordement au réseau d’assainissement collectif n’est pas envisageable.
Ce sont les ministères de l’Environnement et de la Santé qui délivrent les agréments pour les micro-stations d’épuration. Un numéro d’enregistrement national est attribué à chaque modèle. Ce numéro, une fois publié au journal officiel, permet au dispositif d’être commercialisé en France et d’être installé sur la simple information du Service Public d’Assainissement Non Collectif ou SPANC.
Chaque micro-station doit également disposer d’un numéro CE qui garantit sa conformité aux directives européennes.
Les trois types de micro-station d’epuration
Dans la gamme des micros-stations à culture libre, on cultive des bactéries épuratrices aérobies en leur apportant de l’oxygène. Tout le processus se fait dans un bassin aéré sans support. Le but de ces microorganismes est d’éliminer les matières polluantes et d’empêcher la création de dépôt afin d’homogénéiser le mélange.
On retrouve deux sortes de micro-station à culture libre : celle dite à boues activées et celle SBR ou « Sequencing Batch Reactor ».
Pour la micro-station SBR, les fabricants font appel à une épuration biologique séquentielle des eaux usées. Tout le processus se déroule dans une seule cuve, séparée en deux compartiments. Après la décantation des matières solides dans le premier contenant, les eaux passent dans le second compartiment pour subir une étape de clarification et de réaction biologique. Pour d’autres modèles, ces deux processus se déroulent dans deux cuves différentes, ce qui pourrait augmenter l’espace nécessaire pour l’installation du dispositif.
Après cela, les eaux épurées dans la seconde cuve sont renvoyées plusieurs fois dans le décanteur pour subir une autre phase de décantation et de clarification. La fréquence de ce cycle varie suivant le modèle et le fabricant de la micro-station. Cela peut se faire après quelques minutes ou après plusieurs heures.
Quant à la micro-station à culture libre, elle fonctionne suivant le principe d’aérobie. Elle est constituée de deux cuves. La première prend en charge le prétraitement des eaux (décantation) tandis que la seconde est dotée d’un système électronique pouvant alimenter régulièrement les effluents en oxygène. Ceci permet aux bactéries épuratrices de se développer et de clarifier les eaux. Après cette phase, ces dernières peuvent être relâchées directement dans la nature.
Le troisième modèle de micro-station utilise la technologie à culture fixée. Celle-ci peut également assurer toutes les phases de traitement des eaux, et ce, grâce à l’action des bactéries épuratrices. À la différence que celles-ci se fixent sur un support installé dans le réacteur biologique. Les bactéries épuratrices peuvent donc se nicher et se développer sur ce support grâce à l’apport en oxygène, assuré par un compresseur d’air. Ce qui permet d’épurer les eaux avec un haut rendement épuratoire.
Quel type de micro-station choisir ?
Quelle que soit la solution choisie, une micro-station vous coûtera entre 6 000 et 10 000 euros. Certains diront que c’est un système d’assainissement cher, mais au final, cette fourchette de prix ne dépasse pas le prix moyen de l’assainissement non collectif.
Un modèle adapté à une maison d’environ 6 habitants (6EH) coûte par exemple entre 5 000 et 8 000 euros.
À noter qu’une filière traditionnelle telle que la fosse toutes-eaux ne requiert que 1000 euros en moyenne pour réaliser l’épandage. Toutefois, les travaux d’installation de ce dispositif peuvent s’élever à 5500 jusqu’à 7500 euros.
Cela dit, les dépenses liées à l’installation des deux filières sont donc quasiment les mêmes. Pourtant, une micro-station présente plusieurs autres avantages.
Entre autres, cette filière offre une meilleure capacité épuratoire. Pour certains modèles, les eaux traitées peuvent également servir à l’irrigation du sol, à l’arrosage d’un jardin, etc.
Enfin, grâce à leur grande compacité, ces dispositifs ne défigurent pas votre terrain. Vous pouvez même les installer dans un garage ou dans un sous-sol si vous ne disposez pas d’assez d’espace à l’extérieur.
Dans tous les cas, il faut noter que la micro-station à culture fixée est actuellement l’une des plus prisées. Avant de faire votre choix, ne vous limitez pas toutefois au prix du dispositif puisqu’il existe beaucoup d’autres éléments à considérer. Pour vous aider à choisir le modèle adapté à votre habitation, pensez donc à demander conseil à un professionnel de l’assainissement.
Micro-station épuration, est-ce la bonne solution ?
Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Même si cette filière d’assainissement a tout pour plaire, elle ne doit pas être réalisée en résidence secondaire.
La raison est simple : Ce dispositif fonctionne de manière active, c’est-à-dire en favorisant le développement des bactéries épuratrices pour que celles-ci puissent épurer efficacement et rapidement les eaux usées. Mais pour ce faire, ces micro-organismes doivent toujours être alimentés en oxygène. C’est pour cela que la micro-station est dotée d’un compresseur d’air qui fonctionne en permanence, mais qui a besoin d’électricité pour fonctionner.
Vous l’aurez donc compris, sans alimentation électrique, la culture bactérienne risque de diminuer, voire de disparaître pendant une longue période d’inactivité de la micro-station. Et c’est souvent le cas pour une résidence secondaire. Ce type de logement est en général dédié à être utilisé de façon intermittente. En dehors des périodes de vacances, le logement est souvent inoccupé pendant de longs moments. De plus, la coupure d’électricité n’est pas à exclure pendant ces périodes d’absence.
Ainsi, la culture bactérienne peut se dégrader et les eaux seront mal épurées pendant un certain moment, jusqu’à ce que la micro-station retrouve son fonctionnement normal. Et pendant la phase de réactivation du dispositif, les eaux usées non traitées et rejetées dans la nature risquent de poser problème pour la santé publique et pour l’environnement.
Comme alternative à la micro-station, on recommande souvent d’installer un filtre compact pour une résidence secondaire. Il s’agit d’un système passif qui n’a pas besoin d’électricité pour fonctionner.
Les démarches à suivre pour mettre en place la filière
Pour mettre en place une micro-station d’épuration selon les règles de l’art, il faut passer par plusieurs étapes. Pendant ces différentes étapes, le SPANC a un rôle important à jouer, notamment pour s’assurer que l’installation soit mise en œuvre selon la réglementation française. Maintenant, venons-en au vif du sujet.
Etape 1 : Étude du sol
Avant d’acheter et de poser votre micro-station, il est recommandé de faire faire une étude du sol par un spécialiste du métier. Celui-ci va identifier les caractéristiques du sol, détecter la présence nappe phréatique, analyser la perméabilité du sol, calculer la pente du terrain, etc. Ceci, afin de pouvoir vous indiquer le modèle d’assainissement le plus adapté à votre besoin.
Etape 2 : Demande de permis de construire
Même après avoir réalisé une étude du sol, il ne faut pas encore vous précipiter dans l’achat de votre dispositif. Avant cela, vous allez déposer une demande d’autorisation auprès du SPANC. Vous pouvez joindre à votre demande le rapport de l’étude du sol. Cela facilite l’obtention de l’autorisation. Il est préférable de réaliser cette étape deux mois avant la date prévue pour le démarrage des travaux.
Etape 3 : Validation du dossier par le SPANC
Suite à votre demande, le SPANC va vérifier la méthode de conception et d’implantation de votre micro-station avant le début du chantier. Souvent, ce service envoie un délégataire pour analyser sur site la conformité de votre projet avec les normes en vigueur.
Si le SPANC émet un avis positif quant à la faisabilité de votre projet d’assainissement, il vous remettra donc un permis de construire. Une fois ce document en poche, vous pouvez faire plusieurs demandes de devis et choisir la marque de micro-station qui correspond le mieux à vos attentes et à votre budget.
Etape 4 : Contrôle du bon achèvement des travaux
C’est la dernière étape avant la mise en marche de votre micro-station.
Avant de remblayer le dispositif, vous devez encore le faire contrôler par le SPANC. C’est ce qu’on appelle contrôle du bon achèvement des travaux.
Suite à sa visite sur le site, le spécialiste du SPANC peut conclure que les travaux sont conformes au projet qui lui a été déposé préalablement. Ainsi, vous pouvez mettre en service votre micro-station.
Effectivement, votre micro-station répond maintenant aux normes en vigueur. Mais la question est de savoir comment la maintenir en bon état de fonctionnement le plus longtemps possible ?
Comment assurer le bon fonctionnement de votre unité d’épuration individuelle ?
En tant que propriétaire d’un logement équipée d’une micro-station d’épuration, vous devez gérer vous-même l’entretien de votre dispositif. Vous avez donc un rôle actif à jouer dans la préservation de la qualité des ressources en eaux.
Ce que vous pouvez faire pour maintenir votre micro-station en bon état
Pour garantir le bon fonctionnement de votre dispositif, vous devez lui accorder un minimum d’attention.
En général, la micro-station est dotée d’un système d’alarme qui s’allume lorsqu’elle ne fonctionne pas correctement. Vu qu’elle peut vous rappeler à l’ordre en cas de besoin, il suffit donc de vérifier ce système d’alarme. Mais en passant, n’hésitez pas à vérifier que les systèmes de ventilations ne soient pas bouchés, que le système ne dégage aucune odeur nauséabonde, etc.
L’objectif est de prévenir que de guérir, en contactant rapidement un spécialiste dès que vous constatez quelque chose d’anormal.
Des gestes simples peuvent aussi s’avérer importants pour prendre soin de votre dispositif
Les eaux usées sont destinées à être relâchées dans la nature, que ce soit dans le sous-sol, dans les rivières ou dans les lacs. Il est donc préférable de ne pas déverser n’importe quoi dans vos toilettes, votre évier, etc.
Évitez par exemple d’utiliser des bactéricides, les déboucheurs chimiques ou trop d’eau de javel car elles risquent de tuer les bactéries épuratrices dans la micro-station. À cause de cela, vos eaux usées risquent d’être mal traitées. De plus votre dispositif peut générer des odeurs désagréables.
Tous les ans, faites appel à un spécialiste pour faire un entretien général de votre micro-station
Il est vrai que les micro-stations utilisent toutes l’épuration biologique des eaux. Pourtant, elles ne fonctionnent pas de la même manière. Cela peut être différent d’une marque à une autre. Si certaines stations sont dotées d’un décanteur séparées, d’autres ne le sont pas, car elles utilisent des technologies différentes, telles que les micro-stations SBR.
L’entretien général de votre dispositif doit ainsi être réalisé par un spécialiste qui connaît parfaitement le modèle que vous avez choisi. D’un côté, il peut se référer au guide de l’utilisateur du fabricant, mais d’un autre côté, il existe également d’autres opérations imprévisibles qui requièrent une connaissance particulière dans le domaine.
Et surtout, n’oubliez pas de faire les vidanges à temps !
Si certaines opérations de vérification peuvent être réalisées par vous-même, sachez que la vidange d’une micro-station est une opération délicate.
En vertu de l’arrêté du 7 septembre 2009, relatif à l’assainissement non collectif, la vidange doit être réalisée par un spécialiste agréé, quelle que soit la situation.
Tout comme une fosse toutes eaux, votre micro-station produit petit à petit des boues. Au fil du temps, celles-ci s’accumulent au fond du décanteur primaire et peuvent endommager le réseau d’assainissement une fois qu’elles dépassent un certain niveau.
La fréquence des vidanges varie en fonction de taille de votre équipement, du nombre d’habitants et de leurs habitudes, de la technologie utilisée, etc. Mais en général, vous devez la vidanger tous les 2 à 4 ans.
Conclusion
Voilà, nous avons fait le tour de la question autour de la micro-station.
Pour résumer, il s’agit d’un centre de traitement des eaux usées qui reprend le fonctionnement d’une station d’épuration urbaine, mais en version miniature.
Malgré le fait que la micro-station ne soit pas adaptée aux résidences secondaires et qu’elle ait besoin d’électricité pour fonctionner, ses avantages rattrapent largement ces petits défauts, notamment pour les propriétaires d’une résidence principale qui ne disposent que d’un périmètre de jardin réduit.